Yoann est étudiant en Techniques de thanatologie. Le Cégep de Rosemont l’a invité à témoigner de son expérience collégiale.
Cheminement scolaire
Quels étaient tes intérêts professionnels avant de t’inscrire au cégep?
Plus jeune, on m’a toujours dit : « Fais ce que tu veux; tu vas aimer ça puis tu vas réussir. » Moi, je voulais être professeur, je voulais être avocat… les classiques. Ce qui m’a amené progressivement à Rosemont, en thanatologie, c’est le fait que le programme touche plusieurs aspects différents. Il m’apportait un petit peu le côté humain qu’il y avait au niveau du métier de professeur, le côté biologie de la médecine, le côté gestionnaire… Ça touche plusieurs facettes. Ça va chercher, un petit peu, la polyvalence. C’est quelque chose d’important pour moi.
Comment as-tu découvert le programme?
J’ai découvert le domaine de la thanatologie à cause de l’un de mes professeurs au secondaire. D’emblée, je savais déjà ce que c’était; je connaissais un petit peu le nom, le principe. Le fils de mon professeur sortait avec la fille du thanatologue du village. (Je viens d’un petit village en Montérégie.) Il m’a mis en contact avec lui; j’ai fait un stage d’un jour et je suis tombé en amour avec le programme. C’est venu me toucher au niveau humain.
Le programme Techniques de thanatologie
Comment décrirais-tu l’ambiance de ton programme?
C’est très familial parce que c’est le seul cégep au Québec qui donne le cours. Il y a donc des gens qui viennent de Sept-Îles, moi, je viens de Beauharnois en Montérégie, il y a du monde de Saint-Hyacinthe, de Val-d’Or… Aux résidences, on est un petit groupe de gens qui se connaissent. On vient tous de loin, on est soudés. Des fois, on déjeune le matin ensemble, on étudie, on est là en classe, donc, ça fait vraiment comme une famille.
Qu’aimes-tu le plus de ton programme?
Tout, mais je pense que c’est la polyvalence. J’aime le fait de ne pas être sur une seule chose. J’aime ça me lever le matin et ne pas savoir ce que je vais faire. Un matin, on peut être dans le laboratoire, après ça, on va avoir un cours de droit, après ça un petit repos. Je vais faire du volleyball… c’est ça que j’aime : pouvoir bouger, faire des choses différentes dans ma journée.
Décris-moi les différents types d’activités d’apprentissage de ton programme.
C’est très varié. Ça va chercher les trois aspects dont je parlais. En gestion, on a eu des cours où les professeurs nous parlaient de markéting. Elles nous montraient comment faire de la comptabilité et comprendre Excel. On a aussi le côté biologie qui est très important. Premièrement, on apprend toute la base : comment fonctionne le corps humain et puis, progressivement, on va aller vers les techniques de thanatopraxie. Il y a aussi le côté humain où on a trois cours de services funéraires. Ils sont chacun divisés : un d’entre eux nous montre comment rencontrer les familles, l’autre comment diriger des funérailles, etc.
Comment décrirais-tu les enseignants?
Je pense qu’il y a autant de méthodes d’apprentissage qu’il existe de professeurs. Il y en a qui sont peut-être un peu plus stricts, plus rigoureux. Il y en a d’autres avec qui on peut avoir une meilleure proximité, je dirais. Au fond, je pense que ça dépend vraiment de chaque professeur, de ce qu’ils sont prêts à faire, mais, dans l’ensemble, on a une belle qualité de cours. Je pense que c’est un programme bien formé, rodé au Cégep de Rosemont depuis des années. Je pense que c’est l’expérience qui peut se ressentir à travers les cours.
Est-ce que des enseignants ont marqué ton passage à Rosemont?
Oui. Premièrement, il y en a un qui est à la retraite. C’est Paul, en chimie. C’est un amour, ce prof-là. C’était notre cours du vendredi, puis c’était un peu comme notre cours bonbon. On riait avec lui. Un moment donné, il a fait du tai-chi devant nous dans la classe. Il arrivait à prendre des sujets de la vie normale, comme la bière, puis à nous l’amener avec de la chimie, puis à rendre ça passionnant. Un autre professeur qui est en thanatologie, c’est Alice. C’est une professeure avec qui on peut avoir une grande proximité. Elle sait ce qu’il faut qu’on fasse en classe, et elle va nous le dire. J’aime avoir une proximité avec les professeurs, pouvoir avoir un engagement avec eux. Je pense que ça m’aide à tenir le cours, à être intéressé. Ça accentue l’intérêt, je pense.
Comment décrirais-tu la profession de thanatologue?
Je pense que la profession que je veux faire, c’est un travail qui est, premièrement, très humble. Il faut faire ça avec de l’humilité. Il ne faut pas avoir des arrière-pensées, parce qu’on est là pour une famille qui est dans le besoin. Quand elles viennent nous voir, elles n’ont pas le choix de nous voir. C’est donc important, je pense, d’être là pour les écouter, les accompagner, et puis traiter la personne qu’elles ont perdue avec le plus grand des respects. Je pense que c’est ça le plus important dans notre métier. Ça va être d’accompagner la famille. Tu sais, il y a des planificateurs de mariages, nous, on est « planificateurs » de funérailles. Mais ce n’est pas un beau terme parce que nous, on est des accompagnateurs. Moi, je pense que c’est comme ça qu’il faut le voir.
Tu t’en vas en stage, dirais-tu que tu es bien préparé?
Assurément, je pense que ce qu’on apprend au Cégep de Rosemont nous aide en milieu de travail et en milieu de stage. Je pense que l’idée de la technique, c’est de créer un fondement et, après ça, de nous permettre d’apprendre et de pouvoir se développer en milieu de travail. Selon moi, on ne peut pas mieux apprendre qu’en le faisant. Les professeurs sont là pour nous soutenir, pour nous apprendre ce qu’il faut savoir et, après ça, ils vont nous aider à nous épanouir en milieu de stage, dans la dernière année.
Est-ce que tu travailles dans le domaine?
Oui, ça fait quatre ans. Avant même d’entrer en Techniques de thanatologie, je travaillais dans le domaine funéraire. Je fais de tout : je travaille au crématorium, je rencontre les familles, je fais des transports pour les salons funéraires et pour le coroner, je dirige des funérailles, donc j’ai vraiment une expérience variée qui me permet d’aller chercher ce que je voulais, la polyvalence.
Si tu pouvais donner un seul conseil à une personne qui commence des études collégiales, que lui dirais-tu?
Je lui dirais d’étudier. Au secondaire, j’ai été un élève qui n’étudiait pas, qui avait des bonnes notes, puis, quand tu arrives au Cégep, tu frappes ton mur. C’est important… Ça va être dur, mais ça en vaut la peine. Si tu fais les efforts, la difficulté va être beaucoup moins grande. Je pense que c’est important d’apprendre à étudier, de trouver sa façon d’apprendre. C’est vraiment de cette façon-là qu’on réussit à bien s’en sortir au cégep.
As-tu eu de l’aide pour t’organiser à étudier?
Je suis très autodidacte. J’avais déjà eu comme conseil de faire des tables d’études. Avec tous mes amis des résidences, avant un gros examen, je faisais des PowerPoints avec des questions, puis on se posait les questions et on arrivait à interagir. En voyant les erreurs de l’autre, ça nous rappelait qu’il ne fallait pas l’oublier. Je pense vraiment que c’était « la » technique que j’avais trouvée. Moi, le social me motive.
Le Collège
Comment décrirais-tu l’ambiance qui existe au Collège de Rosemont?
Je pense qu’il y a un aspect de proximité. On est un petit collège par rapport aux autres à Montréal. Je trouve que c’est intéressant. Même dans les cours réguliers, on va souvent revoir des gens qu’on a vus dans nos premiers cours, puis je pense que ça nous force à avoir une proximité. Il y a aussi un aspect qui est culturel à Rosemont. Même sa position géographique, c’est magnifique. Les arbres aux alentours, la rue Masson qui est proche. Tout ça fait que ça a un cachet.
Que retiens-tu de ton passage au Cégep de Rosemont?
Je pense que ce que je vais retenir le plus, c’est la force du monde alentour de nous, à quel point on peut être soutenus. Ce n’est pas un mensonge, les fins de session ne sont pas toujours faciles, puis, des fois, d’avoir des amis qui vont nous soutenir, le fait qu’on va vivre différentes réalités, ça nous permet d’apprendre à être, un peu, une microsociété, à s’entraider. Je pense que moi, c’est ça. J’ai appris beaucoup au niveau humain. J’ai appris que c’est important d’être là l’un pour l’autre.
Après le Collège
Où te vois-tu dans cinq ans?
Dans cinq ans, je veux avoir mon salon funéraire. Je travaille déjà pour deux salons, quasiment trois. Je veux avoir mon petit salon en campagne, me lever le matin, rencontrer ma famille. Après ça, je veux aller faire des transports, aller au laboratoire, de faire la comptabilité. Je veux vraiment être mon propre patron et être là pour ma communauté, dans mon salon. Ça, c’est mon rêve.