Procrastination ou la tendance à remettre à plus tard

Te reconnais-tu?

Une fois de plus, Alexanne entreprend une nuit blanche pour terminer un travail de session. Elle s’en veut terriblement de s’être mise dans cette situation une fois encore. En effet, chaque session, c’est la même chose. Elle se dit qu’elle s’y prendra à l’avance pour étudier et pour réaliser ses travaux mais, en cours de route, elle a l’impression qu’il lui reste encore bien du temps pour commencer. Vient ensuite le moment où les délais sont si serrés qu’elle n’a pas le choix de passer à l’action.

En parlant à un ami, Antoine réalise qu’il a passé tout droit et qu’il n’a pas payé ses frais de scolarité pour la prochaine session. Cela faisait partie de la longue liste de tâches administratives qu’il remet à plus tard depuis plusieurs semaines (renouveler sa carte d’assurance maladie, payer son compte de cellulaire, prendre rendez-vous pour son examen de conduite, etc.). Le stress s’empare de lui, car il a peur que ce retard entraine son expulsion du Collège.

Te reconnais-tu dans l’une de ces descriptions? Sache que tu n’es pas seul! En effet, la procrastination est une tendance très répandue dans les milieux collégial et universitaire. Plusieurs études ont révélé que près de 50 % des étudiants confirment avoir adopté cette habitude et souhaitent s’en débarrasser en raison des conséquences qui s’en suivent.

Comprendre le cycle de la procrastination?

La procrastination est la tendance à remettre inutilement des tâches ou des activités à plus tard. Chez certaines personnes, on parle d’une situation occasionnelle, alors que pour d’autres, il s’agit d’une habitude bien ancrée et présente dans plusieurs sphères de leur vie.

Le cycle de la procrastination se déclenche lorsque vient le temps de passer à l’action et de réaliser un travail. L’idée de se mettre au travail est généralement associée à un inconfort diffus (ex. ennui, stress, anxiété, découragement, fatigue). Désirant éviter ce ressenti, la personne procrastinatrice peut devenir très créative dans la recherche d’excuses auxquelles elle finit par croire afin de remettre à plus tard et ainsi arrêter de ressentir cet inconfort. Voici quelques exemples de prétextes utilisés pour repousser une tâche.

  • Il me reste amplement de temps devant moi.
  • Je suis plus efficace et productif lorsque je travaille sous pression.
  • Je suis trop fatigué, je dois me reposer un peu.
  • Je ne sais pas par quoi commencer. Je vais attendre un peu.
  • J’ai des choses plus importantes à faire.
  • Je manque d’inspiration. Je vais attendre que ça vienne.
  • Je dois ressentir de la motivation pour me mettre au travail.

Ces prétextes entretiennent l’illusion que cela sera plus facile demain. La personne peut alors s’engager dans une foule d’activités autres que celle qui est à faire. Ces activités sont différentes d’une personne à l’autre, mais cela peut être, par exemple :

  • flâner sur les réseaux sociaux, texter des amis;
  • jouer aux jeux vidéo;
  • dormir;
  • faire du ménage;
  • écouter des séries en rafale;
  • accepter une demande qui aurait dû être refusée;
  • s’engager dans une tâche utile, mais moins prioritaire.

Puis, inévitablement, les échéances se rapprochent, et l’inconfort refait surface. La personne choisit alors parmi ces nouvelles options (possiblement en se disant que la prochaine fois, elle s’y prendra plus tôt).

  • Reporter la tâche à nouveau.
  • Terminer la tâche, juste à temps, mais habité par un sentiment d’urgence.
  • Terminer la tâche en retard.
  • Abandonner la tâche, les délais semblant maintenant irréalistes et ne permettant pas de réaliser un travail à la hauteur de nos capacités.

À court terme, remettre quelque chose à plus tard a pour effet immédiat de diminuer l’inconfort ressenti à l’idée de l’accomplir. À long terme, cela peut avoir de fâcheuses conséquences, comme les délais manqués, la perte de temps, des échecs, des notes insatisfaisantes. Sur le plan émotionnel, la personne qui procrastine à répétition peut ressentir du stress, de l’anxiété, de la culpabilité et finir par se dévaloriser.

Pourquoi certaines personnes ont-elles tendance à remettre à plus tard? 

Plusieurs raisons peuvent amener une personne à remettre inutilement ses obligations à plus tard, et ce, malgré les conséquences présentées ci-haut.

Peurs à l’origine de l’inconfort devant la tâche

Tout d’abord, certaines appréhensions sont à l’origine du malaise qu’on cherche à éviter. Chaque personne peut être plus ou moins sensible à ces peurs ou habitée par elles, ce qui la rendra plus sujette à remettre à plus tard. Parmi les peurs qui peuvent mener à la procrastination, nommons :

  • la peur de l’échec;
  • la peur de ne pas être capable;
  • la peur de l’évaluation;
  • la peur de l’inconnu;
  • la peur de ne pas être à la hauteur.
Sources de désengagement

En fait, certaines personnes sont plus sujettes à remettre à plus tard en raison de caractéristiques qui les poussent à se désengager des actions inconfortables plus rapidement que d’autres. Parmi ces motifs de désengagement, on trouve :

  • le manque de persévérance à l’effort;
  • la difficulté à tolérer l’ennui;
  • la difficulté à tolérer la frustration.
Sources de démotivation

Finalement, il va de soi que si la motivation n’est pas au rendez-vous, il sera plus difficile de se mettre au travail. Les facteurs de démotivation pouvant mener à la procrastination sont les suivants :

  • le manque d’intérêt devant ce qu’on doit accomplir ou envers le domaine d’études;
  • la tendance à être indécis, ne pas connaitre nos préférences;
  • une orientation scolaire floue.

Trucs et astuces pour diminuer la procrastination

Maintenant que tu connais le cycle de la procrastination, vois comment il est en ton pouvoir d’agir à chacune de ces étapes pour limiter ta tendance à remettre à plus tard.

  • Prends conscience des prétextes que tu utilises pour remettre à plus tard et questionne-les.
  • Identifie les peurs, les sources de désengagement et de démotivation qui t’habitent et qui te rendent susceptible de procrastiner, puis tente d’y remédier.
    • Remets en question tes peurs et tente de les affronter. Si celles-ci te semblent trop ancrées, cherche l’aide d’un ou d’une professionnelle au besoin.
    • Pour affronter les sources de désengagement, essaye de découper tes obligations en plusieurs étapes; apprends à retarder la gratification et à te récompenser après l’effort. Avant de repousser une tâche, réfléchis quelques minutes aux conséquences qui en découleront.
    • Active ta motivation en t’engageant à passer à l’action auprès d’autres personnes. Rappelle-toi que l’action mène à la motivation; consulte un conseiller, une conseillère d’orientation, au besoin.
  • Tente de cibler la nature de l’inconfort que te ressens à l’idée de passer à l’action, inconfort que tu tentes d’éviter. Mets-toi au défi d’apprendre à tolérer ces émotions durant un certain temps. Rappelle-toi que cet état est passager et risque de s’amoindrir une fois que l’action sera entamée. Résiste à la tentation de faire autre chose même si tu trouves une besogne ennuyante, stressante ou frustrante. Souviens-toi que tes efforts seront éventuellement récompensés par le soulagement de voir le travail terminé ou du moins commencé.
  • Identifie les activités dans lesquelles tu t’es engagé à la place d’accomplir la tâche, et tente de faire des choix qui te permettent de réduire tes sources de distraction.
    • Place-toi dans un contexte qui te permet de t’éloigner de ces activités agréables (ex. : aller à la bibliothèque, débrancher le réseau sans fil, éteindre son cellulaire).
    • Apprends à dire non et évite les lieux où on risque de te faire des propositions difficiles à refuser.
    • Réserve-toi ces activités agréables comme récompense après l’effort.

Si malgré tous ces conseils, ta procrastination persiste et entraine des conséquences indésirables, n’hésite pas à prendre rendez-vous au Service d’aide psychosociale (en te présentant au local F 382 ou en téléphonant au 514 376-1620, poste 7277).


Références

Web

            Site de l’Université Laval

 

Lectures

PERRY, John. La procrastination : l’art de reporter au lendemain, Paris, Autrement, 2012. 463 p.

(Cégep de Rosemont – niveau 300 – collection générale –155.232P)

Capsule préparée par Catherine Boulé, psychologue au Cégep de Rosemont

 

 

Vous aimerez aussi

S'abonner à l'infolettre