La gestion des matières résiduelles (GMR) est un enjeu environnemental prioritaire pour de nombreux acteurs de la société. Collecte municipale des matières putrescibles, construction de centres de biométhanisation, initiatives citoyennes et entrepreneuriales zéro déchet et lutte contre le plastique à usage unique sont nombre d’exemples qui illustrent la préoccupation particulière accordée aux problématiques complexes qui touchent la GMR. Acteurs citoyens, institutionnels, gouvernementaux et mêmes entrepreneuriaux multiplient les actions pour améliorer leurs pratiques. Le Cégep de Rosemont n’échappe pas à cette réalité. Avec une communauté de plus de 3600 personnes, l’établissement est un générateur de déchets important. Bien que de nombreuses actions soient mises de l’avant à l’interne pour assurer une GMR saine, il importe de creuser un peu la question afin d’y voir plus clair. Immersion au cœur d’un monde complexe, malheureusement trop peu connu.
Qu’est-ce que la GMR
Lorsqu’il est question de GMR, la plupart des gens pensent à l’élimination des déchets. Qu’en est-il exactement?
En 2015, l’élimination des déchets fut responsable de 7,9 % des émissions totales de gaz à effet de serre (GES) du Québec avec un total de 6,5 Mt éq. Co2 (MDDELCC, 2018). Il est également important de mentionner que depuis 1990, les émissions de GES causées par les déchets ont diminué de 30,2 % (Ibid, 2018). De nombreuses technologies permettent maintenant de capter les biogaz causés par les techniques d’élimination des déchets. Ces biogaz peuvent même être réutilisés pour produire de l’énergie. La majorité des sites d’enfouissement du Québec sont maintenant dotés de telles technologies (Ibid, 2018).
À première vue, ces statistiques laissent percevoir un aspect uniquement positif. Cependant, la GMR ne se résume pas à l’élimination de déchets, au contraire. Le terme matière résiduelle fait référence à « Tout résidu de production, de transformation ou d’utilisation, toute substance, matériau ou produit ou, plus généralement, tout bien meuble abandonné ou que le possesseur destine à l’abandon. » (Recyc-Québec, 2019A) L’expression a remplacé le terme déchet dans les années 1990, dans le but de mettre de l’avant les différentes techniques de revalorisation des matières (Réseau environnement, 2016). Il est ainsi nécessaire de ne pas circonscrire la GMR à l’élimination des déchets. Il est capital de considérer le cycle de vie complet des produits, jusqu’à un traitement éventuel en tant que matière résiduelle, afin d’évaluer leurs impacts écologiques réels, mais également leurs impacts sociaux.
Le cycle de vie d’un produit : impact global lié à sa consommation
L’analyse du cycle de vie d’un produit « […] vise la prise en compte des impacts (environnementaux, sociaux et économiques) propres à un produit ou à un service et ce, tout au long de son cycle de vie. » (CIRAIG, s.d.) Concrètement, il s’agit de considérer les conséquences globales liées à la consommation d’un produit ou d’un service en incluant l’impact des différentes étapes suivantes : l’acquisition des ressources (extraction et/ou transformation), la production (incluant l’assemblage et l’emballage), la distribution (transport, manutention, entreposage), l’utilisation et la fin de vie (Ibid, s.d.).
Une telle analyse du cycle de vie met en lumière des impacts sociaux et environnementaux extrêmement importants en raison de la (sur)consommation actuellement observée dans le monde (Lipovetsky, 2003). Bien que l’élimination des déchets ne soit responsable que de 7,9 % des émissions de GES au Québec (MDDELCC, 2018), une analyse du cycle de vie d’un produit lui attribuera un impact bien plus grand : quels procédés ont été utilisés pour produire le bien, quel transport cela a-t-il nécessité, combien de temps a-t-il été utilisé, dans quelles conditions a-t-il été fabriqué, etc. Cela permet de mettre en lumière les réelles retombées liées à notre consommation. En attribuant un coût environnemental et social à toutes les étapes du cycle de vie d’un produit, il est clair que l’impact de la surconsommation devient manifeste. Cet impact se fait sentir au-delà de l’enfouissement des déchets et contribue à de multiples niveaux à de nombreuses émissions de GES, de contamination des sols, de l’air, de l’eau, d’exploitation des populations vulnérables, etc. Ce regard global sur la consommation est donc capital. C’est là qu’une saine GMR entre en jeu grâce à une réalité inhérente au concept : la hiérarchie des 3RV-E.
Le 3RV-E et son importance stratégique
Le concept de GMR fait clairement mention d’un besoin croissant de mise en valeur des résidus grâce à différentes stratégies complémentaires, mais organisées selon un principe hiérarchique : la réduction à la source, le réemploi et la réutilisation, le recyclage, la valorisation et finalement, l’élimination (système de GMR appelé le 3RV-E) (Recyc-Québec, 2019B). L’importance de la réduction à la source, du réemploi et de la réutilisation est catégorique. Ce sont ces étapes qui permettent de réduire considérablement l’impact social et écologique lié à la surconsommation. Bien que le recyclage et la valorisation (essentiellement le compostage et la biométhanisation) soient des avenues intéressantes, il demeure qu’elles demandent beaucoup d’énergie, de transport et de manutention. De plus, les réalités inhérentes au marché du recyclage sont complexes, variables et limitent énormément la capacité d’action des centres de tri pour la revalorisation du matériel récupéré. Il s’agit là d’un autre sujet qui mérite une attention particulière. Celui-ci ne sera pas traité ici. Pour le moment, l’essentiel est de comprendre que la GMR met de l’avant une hiérarchie stratégique dans le but de faire la promotion d’une consommation responsable, dans un but de réduction des impacts sociaux et environnementaux inhérents à la surconsommation. La seule vraie solution pour une GMR optimale : mieux consommer.
Le Cégep de Rosemont et sa GMR
Le Cégep de Rosemont fait des efforts importants afin d’optimiser sa GMR. La première étape consiste d’abord à connaître l’état de la situation à l’interne. Le Bureau du développement durable du Collège procède donc à une collecte de données détaillées au niveau de sa GMR, en plus de multiplier les mesures de réduction à la source sur le campus. En effet, des mesures telles l’abolition des pailles de plastique, la disponibilité de vaisselle réutilisable à la cafétéria, l’abolition des bouteilles d’eau, la promotion des tasses de café réutilisables sont des excellents exemples, parmi d’autres, afin de fournir les outils nécessaires à la communauté du Collège pour limiter sa production de déchets.
Bien que la réduction à la source est une priorité pour le Collège, il demeure que beaucoup de matériel se doit d’être recyclé, encore une fois pour optimiser la GMR de l’institution et limiter au maximum le matériel envoyé à l’enfouissement. Afin d’opérer cela, une procédure claire permet de quantifier le poids de toutes les matières qui quittent le Collège en tant que matière résiduelle. La figure 1 illustre les proportions de matières générées par le Collège, du 1er juillet 2017 au 30 juin 2018. Il est important de savoir que pour chaque matière, un fournisseur particulier est sélectionné afin de traiter ladite matière de façon conforme et optimale.
À la lumière de la figure 1, il est évident que la proportion de déchets ultimes porte un poids bien trop significatif au sein de l’institution. Toutefois, quelques précisions sont importantes afin de bien comprendre le graphique. La figure 1 n’inclut aucune mesure de réduction à la source. Ainsi, tous les efforts déployés par le Collège pour la promotion d’alternatives à la production de matières résiduelles ne sont pas représentés ici. De plus, les efforts de réutilisation et de réemploi sont également absents du graphique. Par exemple, le Collège réutilise couramment du matériel de différente façon à l’interne, mais distribue également son matériel superflu à des organisations externes qui en manifestent le besoin. Ces mesures doivent être incluses dans le portrait général de GMR du Cégep de Rosemont.
C’est donc dans un effort de précision de son portrait de GMR, mais toujours dans un souci d’amélioration de ses performances en GMR, que le Collège a récemment obtenu la certification ICI on recycle +, niveau Performance +, pour ses nombreuses mesures en GMR. La certification permet un calcul qui intègre les mesures de réduction à la source grâce à une méthodologie particulière. Suite à ce calcul, le Cégep de Rosemont a obtenu une note de 70,88 %, ce qui est une excellente performance. Toutefois, le Cégep de Rosemont a une volonté d’amélioration continue et désire notamment réduire de façon significative sa proportion de déchets ultimes, tout en multipliant les initiatives de réduction à la source. L’institution désire ainsi se positionner en tant que leader quant à sa GMR.
Le Cégep de Rosemont fait donc des efforts importants afin d’optimiser sa GMR. Cependant, il ne faut pas oublier que la performance de l’institution est directement liée aux actions de sa communauté. Il est ainsi primordial que celle-ci considère la GMR en tant que priorité collective.
La GMR : des actions individuelles pour des retombées globales
Lorsqu’il est question de GMR, chaque action individuelle est indispensable. Après tout, la performance du Collège et même, celle du Québec, n’est que la représentation de l’ensemble des actions individuelles quotidiennes. En ce sens, le principe des 3RV-E est un excellent guide. Plusieurs actions quotidiennes du Bureau du développement durable vous aideront à y voir plus clair et à opérer une saine GMR. N’hésitez pas à le contacter pour vos questions spécifiques.
Pour connaître en détail la procédure à suivre pour une saine gestion de vos matières résiduelles au Cégep de Rosemont, consultez le Guide de gestion des matières résiduelles et équipements désuets du Collège. Vous y trouverez toute l’information nécessaire afin d’aider l’établissement à améliorer sa performance en GMR grâce à vos actions quotidiennes.
Voici également des liens web qui définissent ou proposent des actions pour chacun des niveaux du 3RV-E.
Réduction à la source
- Recyc-Québec: La réduction à la source;
- Bric-à-bacs : Consommation responsable;
- Lauraki: Initiatives zéro déchet;
- Ville de Montréal : 13 gestes simples au quotidien.
Réemploi et réutilisation
- Ville de Montréal: Répertoire des adresses du réemploi;
- Recyc-Québec : Le réemploi;
- Insertech: Réutilisation de matériel informatique.
Recyclage
- Recyc-Québec: Outil «Ça va où», pour bien savoir comment trier vos matières;
- Recyc-Québec: Responsabilité élargie des producteurs;
- Ville de Montréal: Écocentres, centre pour les produits dangereux;
- Ville de Montréal: Matières acceptées au centre de tri.
Valorisation
- Recyc-Québec: Le compostage domestique;
- Recyc-Québec: La collecte municipale du compost;
- Ville de Montréal: Le compostage.
Agissons collectivement de façon responsable grâce à des questionnements sérieux sur notre consommation. Poursuivons la démarche grâce à une gestion optimale de nos matières résiduelles. Des résultats tangibles seront observables et permettront de combattre le cynisme selon lequel les petites actions quotidiennes n’ont pas d’impact. Parlez-en autour de vous. Assurez-vous que vos camarades et collègues effectuent un bon tri de leurs matières. Nous sommes toutes et tous consommateurs et consommatrices. Optons pour une consommation responsable et pour une GMR optimale. Voilà une avenue simple et efficace, pour laquelle vous disposez de tous les outils pour contribuer à l’amélioration de la situation!