Projet Thaïlande Rosemont 2019 : Texte de Mélanie Bergeron

Auteure de cet article, Mélanie est enseignante de français au Collège de Rosemont. Elle a accompagné le groupe d’étudiantes et étudiants dans le Projet Thaïlande 2019

Les enfants de l’Isan

par Mélanie Bergeron

Mélanie BergeronC’est à Ban Nong Phong que le groupe d’étudiants de Rosemont que j’accompagne pose ses bagages remplis de l’expérience plus ou moins imposante qui les compose. L’humble souhait de l’équipe est de contribuer un tant soit peu à la réalisation de l’objectif principal de l’ONG Volunt2thai : semer l’espoir d’un meilleur avenir dans le coeur des enfants du village et transmettre quelques rudiments de la langue seconde, symbole d’une possible émancipation et clé d’échange avec cet autre qui les fascine.

À notre arrivée dans la première école, nous sommes intimidés par l’accueil qui nous est réservé : tous les intervenants scolaires sont réunis et nous offrent collations, eau glacée, soutien (en langue thaïe!), tandis que la curiosité anime nos jeunes hôtes, qui nous observent, amusés. Puis, nous sommes parachutés aléatoirement au sein des groupes d’écoliers pour assurer une animation en anglais. Nous apparaissons d’abord plus démunis qu’eux, nous sommes honteux d’être maladroits, hésitants, mal outillés. Le sentiment d’altérité est à son comble. Étonnamment, les jeunes, rieurs, indulgents, participent sans hésiter à nos joutes improvisées. Nous dépensons alors le peu d’énergie que nous ont laissé le long voyage et l’acclimatation. Au terme de cette journée éprouvante, plusieurs coopérants semblent découragés; ils anticipent un séjour difficile. Heureusement, l’inquiétude sera de courte durée.

En effet, les étudiants s’adapteront vite au rythme de la Thaïlande, portés par l’incommensurable joie thaïe. Chacun façonnera ses interventions selon sa personnalité, selon le groupe qui lui a été confié, selon aussi, ne l’oublions pas, la forte chaleur. Les activités seront bien souvent modulées en fonction de la réaction des petits. Ainsi verrons-nous se déployer, dans les classes ou hors des murs, de multiples approches plus ou moins spontanées, mais la plupart marquées par l’authenticité : par ici, nous entendrons des chants ou les cris des gamins enthousiasmés par un jeu; par là, nous observerons un enseignement plus traditionnel ou des jeunes affairés à un bricolage. Tous les coopérants, à leur façon, oseront replonger dans le monde de l’enfance, favorisant la création de liens étroits avec les écoliers.

Il faut savoir que l’éducation apparait, particulièrement dans l’Isan, comme l’unique échappatoire aux conditions de vie difficiles. La jeunesse de cette région aspire à un avenir plus florissant que celui de la génération qui la précède, elle est animée par une soif d’apprendre et une grande ouverture d’esprit. L’apprentissage de l’anglais est primordial dans leur parcours scolaire – un examen national est d’ailleurs dispensé au terme de la scolarité primaire –, mais il ne se fait pas sans écueil puisque peu d’adultes maitrisent cette langue (parfois un seul par établissement). L’accueil réservé aux volontaires par les directeurs d’école n’est donc pas étranger à ce fait : ces étrangers permettent aux enfants et aux enseignants de pratiquer la langue seconde. Aussi est-il permis de croire que le passage du flambeau d’un coopérant à l’autre puisse maintenir une lueur d’espoir en ce lieu…

Les participants au Projet constateront rapidement l’importance de leur rôle dans ces écoles, et se montreront dévoués et collaboratifs. L`humidité, les bestioles, les nombreux imprévus ne freineront pas leur élan. Ils déploieront d’ailleurs maintes stratégies pour que les petits Thaïs vivent des instants inoubliables, non sans être conscients de l’impact de cet échange sur leur propre cheminement. Nul doute que leur regard contemplera désormais le monde selon une nouvelle perspective.

Sortis de ce voyage hors du temps, regagnant les rangs du cégep ou de l’université, tous, nous serons de nouveau entrainés par la vitesse nord-américaine et nous oublierons parfois de savourer notre chance. Nos souvenirs thaïlandais réapparaitront aux moments opportuns pour nous ralentir, pour relativiser les situations, pour nous rappeler de profiter de l’instant. Notre horizon sera dorénavant plus vaste, comme les rizières, mais surtout teinté de la fabuleuse candeur des enfants de l’Isan.

Mélanie

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